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Imaginer un amphithéâtre naturel sculpté dans un calcaire d’une blancheur presque aveuglante, plongeant ses falaises abruptes dans une eau d’un turquoise si intense qu’il semble irréel. C’est la première vision, presque écrasante de beauté, qu’offre Sormiou. Plus large, plus ouverte que sa voisine encaissée de Morgiou, Sormiou n’est pas qu’un simple paysage de carte postale. C’est un lieu de vie, un sanctuaire où, depuis d’innombrables générations, l’homme a appris à vivre en symbiose avec une nature à la fois généreuse et exigeante. L’air y vibre du chant des cigales, mêlé au parfum entêtant des pins chauffés par le soleil et à l’odeur saline de la Méditerranée. Ce petit hameau de cabanons, blotti au cœur du massif, est un trésor de l’histoire provençale, un lieu de villégiature qui a su conserver une âme authentique.

Pourtant, ce paradis n’est pas sans péril. Sa renommée, amplifiée par les réseaux sociaux et le désir croissant de nature, en a fait une victime de sa propre beauté. Durant la saison estivale, Sormiou suffoque sous une pression touristique qui menace son équilibre écologique et la quiétude de ses habitants. L’accès à ce joyau est devenu un véritable casse-tête logistique, une épreuve nécessaire pour préserver le site.

Le Parc national des Calanques, gardien de ce patrimoine, a mis en place une réglementation stricte, en particulier concernant l’accès motorisé, qui est fortement restreint voire interdit pendant la haute saison. Le visiteur doit comprendre que pour mériter Sormiou, il faut accepter de laisser derrière soi la facilité de la voiture. La route sinueuse qui y descend, étroite et vertigineuse, se transforme rapidement en un cauchemar d’embouteillages et de stationnements anarchiques, paralysant le minuscule village. L’expérience authentique de Sormiou commence par une approche douce, une marche qui permet de s’imprégner du paysage.

Pour atteindre ce havre, plusieurs options s’offrent au visiteur conscient :

  • Les transports en commun : C’est l’approche la plus citoyenne et la moins stressante. Les lignes de bus RTM (n°23 jusqu’à La Cayolle ou n°22 jusqu’aux Baumettes) déposent les marcheurs aux portes du Parc national.
  • La randonnée : L’effort est la clé d’entrée la plus gratifiante. Depuis les terminus de bus, il faut compter environ 45 minutes d’une marche magnifique. Le sentier par le col de Sormiou offre une descente plus directe, tandis que celui par le col des Baumettes dévoile un panorama époustouflant, révélant la calanque petit à petit, comme un trésor qui se laisse désirer. La traversée de la garrigue odorante est une expérience sensorielle en soi.
  • La voiture (avec prudence) : En dehors de la haute saison ou pour les détenteurs d’une autorisation spécifique (comme une réservation au restaurant), l’accès peut être possible, mais il reste crucial de vérifier les conditions d’accès en temps réel pour éviter une déconvenue.

Une fois arrivé, le spectacle de la plage de Sormiou, une étendue de sable fin nichée au fond de la baie, est saisissant. Surveillée en été et équipée d’un poste de secours, elle invite à la baignade. Mais là encore, la surfréquentation estivale peut transformer le rêve en bain de foule.

Heureusement, Sormiou est infiniment plus qu’une simple plage. C’est un livre d’histoire à ciel ouvert. Son occupation humaine est ancestrale, plongeant ses racines jusqu’à la Préhistoire. La découverte de la grotte Cosquer, un Pompéi paléolithique dont l’entrée est aujourd’hui submergée non loin de là, atteste d’une présence humaine lorsque le niveau de la mer était bien plus bas. Après ces artistes préhistoriques, les Ligures, un peuple montagnard et frugal, s’y sont installés. Ils furent suivis par les Grecs de Phocée, qui ont sans doute utilisé cette anse comme un point de relâche avant d’atteindre Massalia, puis par les Romains, qui y ont peut-être bâti une villa maritime, profitant de la fraîcheur du lieu.

Le nom même de Sormiou, dérivé du provençal “Sor Miou”, signifie la “meilleure source”. Ce détail n’est pas anodin. Dans ce paysage calcaire aride, l’eau douce était plus précieuse que l’or. Une nappe phréatique, située sous la calanque, a alimenté pendant des siècles deux puits (datant potentiellement du XIVe siècle). C’est cette eau qui a permis aux pêcheurs de s’installer durablement et aux randonneurs de se désaltérer. Ces puits ne se sont taris qu’au XXe siècle, marquant la fin d’une époque.

La géographie a dicté le destin de Sormiou. Sa baie, bien que large, est peu profonde et n’offre pas un abri suffisant pour les navires de gros tonnage. Ce sont donc les “pointus” et les petites barques de pêche qui y ont trouvé refuge. Vers 1880, la cinquantaine d’habitants de la calanque était principalement composée de modestes familles de pêcheurs venues du village de Mazargues, aujourd’hui un quartier de Marseille. Leur activité ici était différente de celle de Morgiou, dédiée à la pêche professionnelle. À Sormiou, on pratiquait une pêche de loisir, une “pêche du dimanche”. On taquinait le poisson à l’aube avant de se retrouver l’après-midi pour l’incontournable partie de boules, le sport provençal par excellence, dont le claquement résonne encore sur la petite place.

C’est de cette époque qu’est né le fameux “art de vivre au cabanon”. Ces petites constructions, au départ de simples abris de fortune bâtis de bric et de broc par les hommes pour ranger leurs filets et leurs outils, se sont transformées. Au tournant du XXe siècle, les familles ont investi les lieux. La vie y était (et demeure) un choix de sobriété radicale. Encore aujourd’hui, Sormiou vit sans eau courante ni électricité publique. Ce n’est pas un manque, c’est une philosophie. Le son du monde moderne est remplacé par le clapotis de l’eau, le souffle du vent et les rires. La lumière artificielle est remplacée par celle des étoiles. Bien sûr, la modernité s’est invitée discrètement : des panneaux solaires ornent les toits pour alimenter une ampoule ou un réfrigérateur, le gaz en bouteille permet de cuisiner, et le téléphone a relié ce monde à part.

Ce littoral n’a cependant pas toujours été un havre de paix. Le plus long des cabanons, aujourd’hui sagement divisé en plusieurs habitations, était autrefois la caserne des douaniers. L’écrivain Marius Chaumelin a chroniqué comment les Calanques, avec leurs innombrables grottes et failles, étaient un terrain de jeu idéal pour la contrebande. Le poste de Sormiou, dominant la baie, était un point de surveillance stratégique contre ce trafic frauduleux.

L’histoire de Sormiou bascule en 1876. La calanque est achetée aux enchères par Charles Buret et Augustine Pascalis, qui l’offrent en dot à leur fille, Marie. En 1885, Marie épouse le comte Alfred de Ferry. Menant une vie mondaine à Marseille dans leur bastide de La Magalone, où ils recevaient Frédéric Mistral, Marie se prit d’une passion dévorante pour Sormiou. Elle s’y rendait à cheval, y écrivait des vers. En 1894, le couple y fit bâtir “le Château”, une résidence d’été cossue qui détonnait au milieu des maisonnettes de pêcheurs. Mais la comtesse ne s’est pas contentée de cela. Dans un acte de préservation sociale visionnaire, elle fit construire 17 cabanons, qu’elle loua à des tarifs très modestes aux familles de Mazargues, leur permettant de rester et de préserver l’âme du lieu.

Aujourd’hui, ce sont les descendants de ces mêmes familles qui habitent la calanque. Après le décès de la comtesse en 1956, ses arrière-petits-enfants ont créé une SCI (Société Civile Immobilière) qui gère ce patrimoine. Cette continuité familiale, en accord avec le Parc national et l’ONF, est le ciment de Sormiou.

Mais Sormiou possède un autre héritage, caché sous la surface de ses eaux turquoise. C’est ici, dès 1942, que des pionniers ont écrit la première page de la plongée sous-marine moderne. Georges Beuchat, Albert Falco et le commandant Jacques-Yves Cousteau ont testé ici leurs premiers équipements, leurs premiers détendeurs. Ils ont ouvert la voie au “monde du silence” dans ce laboratoire naturel idéal, dont les fonds sont tapissés d’un magnifique herbier de Posidonie, poumon vital de la Méditerranée.

Cet écrin sauvage a logiquement inspiré d’innombrables artistes. L’écrivain Jean-Claude Izzo y a ancré la mélancolie de ses polars. Le peintre Joseph Inguimberty y a posé son chevalet. Et le cinéma y a capturé sa lumière unique, de *Les Témoins* d’André Téchiné à *La French* avec Jean Dujardin. La Calanque de Sormiou est bien plus qu’une destination ; c’est un patrimoine vivant, un personnage à part entière de l’histoire provençale, un trésor fragile qu’il nous incombe de protéger.